Apollonie Sabatier

Aglaé Joséphine Savatier, dite Apollonie Sabatier, est née à Mézières le 7 avril 1822 et est morte à Neuilly-sur-Seine le 3 janvier 1890.

Apollonie Sabatier était surnommée La Présidente par ses amis, d’après un mot attribué à Edmond de Goncourt : sa beauté et son intelligence lui avaient en effet octroyé le droit de présider à un dîner chaque dimanche. Elle se prétendait fille d’un haut fonctionnaire de l’administration, mais aurait été en réalité la fille d’une lingère et d’un père inconnu. Installée à Paris où elle tenait salon, elle a transformé son patronyme afin de lui ôter sa connotation de « savate ». Elle a aussi changé de prénom, adoptant celui d’Apollonie, que ses parents avaient apparemment voulu lui donner, mais que l’Etat civil aurait refusé.

Apollonie Sabatier fréquente le milieu des artistes de son époque, et notamment l’hôtel Pimodan, où elle côtoie Baudelaire, Gautier, Ducamp, Boissard de Boisdenier et les autres. Sa jeune soeur, Irma Adelina (1832-1905), dite Bébé, fréquente aussi ce cercle : maîtresse de Boissard, avec qui elle a eu une fille, elle a aussi eu une courte liaison avec Gautier en 1853.

Gautier entretient avec Madame Sabatier une relation ambiguë, amicale et amoureuse, et fortement empreinte d’érotisme voire de pornographie : en témoigne par exemple l’illustre Lettre à la Présidente. Flaubert a aussi écrit des articles sur elle, et elle aurait inspiré certains des poèmes des Fleurs du Mal. Elle est également connue pour avoir posé pour la Femme piquée par un serpent de Clésinger (Salon de 1847, aujourd’hui au musée d’Orsay), qui a déclenché une vive polémique pour son érotisme évident.

Apollonie Sabatier est devenue riche à 25 ans, grâce à la protection de l’homme d’affaire franco-belge Alfred Mosselmann. Après la mort de ce dernier, elle a entretenu avec Sir Richard Wallace, donateur des fontaines Wallace, une longue liaison qui a encore accru sa richesse.


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