Gérard Labrunie, dit Gérard de Nerval, est né à Paris le 22 mai 1808 et mort à Paris le 26 janvier 1855.
Gautier a rencontré Nerval au lycée Charlemagne (Paris), qu’il a intégré en 1822. Plus jeune que son ami, Gautier n’a donc jamais été dans la même classe que lui ; et lorsqu’il l’a connu, Gérard Labrunie (il ne se faisait pas encore appeler Nerval) faisait pour lui figure d’initiateur : c’est son aîné qui lui a fait connaître la littérature allemande, par exemple. C’est aussi Nerval qui l’a présenté à Hugo le 27 juin 1829, et c’est en compagnie de Nerval que Gautier fréquente le Petit Cénacle de Jehan Duseigneur, avec Célestin Nanteuil, Pétrus Borel, Philothée O’Neddy.
La vocation poétique de Nerval était précoce : à 18 ans, en 1826, il publie les Elégies nationales. Tout comme Gautier, Nerval est très attiré par l’Orient. Leur amitié était donc renforcée par la parenté de leurs vocations littéraires respectives, et ils ont souvent travaillé ensemble sur un même texte, l’un reprenant à la suite de l’autre, sans que la transition soit perceptible. Tant et si bien qu’en 1836, ils ont signé avec l’éditeur Renduel pour la rédaction commune d’un ouvrage entier, Les confessions galantes de deux gentilshommes périgourdins, qu’ils n’ont finalement jamais écrit. Emile de Girardin, directeur de La Presse, leur confie dès juillet 1837 le feuilleton théâtral du journal : s’ils certains articles sont entièrement l’oeuvre de l’un ou de l’autre, nombreux sont les textes écrits à deux mains, et signés G.G.. Dès février 1838, Gautier travaille seul à ce feuilleton, puis Nerval reprend le travail, notamment durant le voyage de Gautier en Espagne.
En 1835, Nerval s’est installé impasse du Doyenné, à une rue de chez Gautier : c’est la période dite de la bohème galante, durant laquelle Nerval tombe amoureux de l’actrice Jenny Colon, mais finit par en épouser une autre.
Si tous deux rêvaient de voyager ensemble, leur seul expérience commune est celle du voyage en Belgique, du 24 juillet à la fin août 1836 : Gautier en a tiré un article, mais également la nouvelle La Toison d’or.
Gautier a peu parlé de Nerval dans ses articles de presse, mais chaque fois que le nom de son ami venait sous sa plume, c’était pour l’associer à des louanges, tant pour ses traductions (de Goethe notamment) que pour son oeuvre fictionnelle. Il a notamment fait paraître une notice sur Nerval en février 1854.
Au matin du 26 janvier 1855, Nerval est retrouvé pendu dans la rue de la Vieille-Lanterne. Dans sa poche, on retrouve des fragments d’Aurelia, que Gautier fait publier le mois suivant. Le lendemain de la mort de son ami, Gautier fait paraître un article sur Nerval, mais ce n’est qu’en 1867 qu’il lui consacre une série de quatre articles parus dans L’Univers illustré, avant d’être repris en tête des Oeuvres complètes de Gérard de Nerval.
(Source : Théophile Gautier, Correspondance générale, éd. Claudine Lacoste-Veysseyre, Genève-Paris, Droz, tome 1, 1985)